Charlemagne
Charlemagne fut le premier empereur occidental du Moyen Âge. À la mort de son père et de son frère, il se retrouva seul souverain des Francs. Pendant les premières décennies de son règne, il se concentra notamment sur la sécurisation et l’expansion de son empire. Il ne cessa d’agrandir son royaume en menant de nombreuses campagnes militaires. Enfin, il régna sur un territoire qui, pendant la période de son expansion maximale, s’étendait de l’Espagne à la Saxe et du Danemark à l’Italie centrale.
Motivé par sa foi profonde, il a christianisé les Saxons païens, n’hésitant pas à recourir à la violence.
Le pape Léon III l’a couronné empereur à Rome à Noël 800, point culminant de sa quête de pouvoir.
Aix-la-Chapelle, capitale de l’Empire
Il était peu probable que Charlemagne souhaitait faire d’Aix-la-Chapelle sa résidence principale. Certes, une colonie romaine se trouvait déjà avant Jésus-Christ sur le territoire qui est aujourd’hui le centre-ville. De surcroît, les découvertes archéologiques témoignent de l’existence d’une chapelle mérovingienne et d’un palais impérial pendant le règne de Pépin. À l’époque, Aix-la-Chapelle était une ville située au cœur de l’empire, entourée de forêts très giboyeuses, et disposait de sources d’eau thermale qui séduisirent Charlemagne. Cependant, la ville n’avait pas d’importance particulière.
Cette situation évolua lorsque Charlemagne décida d’aménager le domaine qu’avait construit son père et d’en faire sa résidence principale. Pour une courte période, la petite ville d’Aix-la-Chapelle fut le centre politique du plus grand empire qui exista sur le sol européen depuis la chute de l’Empire romain.
Renaissance carolingienne
Sous le règne de Charlemagne, la cour devint le centre intellectuel de tout l’empire. Plus tard dans sa vie, le roi franc devint sédentaire et rassembla à sa cour l’élite intellectuelle des quatre coins de son empire. Pendant cette période, la cour de Charlemagne fut le berceau d’un grand nombre de réformes littéraires, linguistiques, éducatives et architecturales qui s’appuyaient d’un côté sur les idéaux de l’antiquité classique et de l’autre sur les traditions chrétiennes. L’armée, la justice et la monnaie furent réorganisées ; des écoles diocésaines et monastiques furent créées et une nouvelle écriture – la minuscule caroline – s’imposa.
Depuis la chute de l’Empire romain, aucun édifice monumental n’avait été érigé en pierre avant la construction de la chapelle palatine vouée à la Vierge Marie entre 793 et 813. Cet édifice allait servir de modèle pour le développement de l’architecture dans tout le nord de l’Europe. Charlemagne fit construire Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle à l’image de la Jérusalem céleste, symbole du pont entre le Ciel et la terre. Il fonda le monastère dédié à la Vierge Marie, une congrégation religieuse qui prie la liturgie des heures tous les jours et célèbre plusieurs messes par jour. Beaucoup d’illustrations qui ont pu être conservées jusqu’à nos jours se réfèrent à Charlemagne, le maître d’ouvrage de l’église.
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Les funérailles de Charlemagne
Charlemagne décéda le 28 janvier 814 à Aix-la-Chapelle. Le soir même, il fut inhumé à Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle, probablement dans un sarcophage de Proserpine datant de la période gréco-romaine, qui est aujourd’hui exposé dans la salle du trésor de la cathédrale. Grâce à cette sépulture, Charlemagne restera pour toujours lié à son église.
Le mythe de Charlemagne: qu’en reste-t-il ?
Père de l’Europe, empereur pieux, chef de guerre : dans l’historiographie moderne, Charlemagne fait polémique. On ne cesse de se servir de son personnage à des fins diverses.
Il est incontestablement à l’origine d’un grand nombre d’influences et de traditions que nous connaissons encore aujourd’hui.
Le pèlerinage
Les reliques de Charlemagne sont à l’origine du pèlerinage d’Aix-la-Chapelle (Heiligtumsfahrt). Selon la légende, il obtint plusieurs reliques de Jérusalem, entre autres la robe de la Sainte Vierge, les langes de Jésus, le linge dans lequel fut enveloppée la tête de Saint Jean Baptiste après sa décapitation et le pagne de Jésus sur la croix. Depuis 1239, ces quatre reliques en tissu sont conservées dans la châsse de la Vierge Marie. À partir de 1349, des pèlerins se rendent tous les sept ans à Aix-la-Chapelle pour les vénérer.
La châsse de Charlemagne et les reliquaires
En 1165, l’empereur Frédéric Barberousse se prononça en faveur de la canonisation de Charlemagne par un antipape, mais cette démarche ne fut jamais officiellement reconnue par le Vatican. À l’occasion de l’anniversaire de la mort de Charlemagne le 28 janvier, une grande messe solennelle est célébrée dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle le dernier dimanche de janvier (Fête de Charlemagne).
En 1215, à l’occasion du couronnement de Frédéric II, petit-fils de Frédéric Barberousse, les reliques de Charlemagne furent transférées dans la châsse de Charlemagne.
Outre la châsse de Charlemagne, différents reliquaires comme le buste de Charlemagne et le reliquaire de Charlemagne furent créés pour y conserver les ossements de l’empereur. Le reliquaire contenant le bras de Charlemagne est une donation de Louis XI, datant de 1481, et témoigne de la vénération du Père de l’Europe.
Couronnements des rois
L’intronisation d’Otton 1er en 936 inaugura une série de couronnements des empereurs du Saint Empire à Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle. Jusqu’en 1531, 30 rois et 12 reines furent couronnés dans la l’église collégiale d’Aix-la-Chapelle. La cérémonie qui se déroulait sur le trône en marbre symbolisait « la prise de pouvoir » sur l’Empire par le roi.
Prix Charlemagne
Le Prix Charlemagne, du nom du grand empereur du Moyen Âge, fut décerné pour la première fois en 1950 et symbolise le rôle important que joue Aix-la-Chapelle pour l’Europe depuis des siècles. Dans la proclamation de 1949, les fondateurs du prix reprirent l’idée de l’Occident chrétien. Ils firent ainsi référence à l’Empire carolingien en tant qu’emblème de l’homogénéité de la législation et des valeurs fondamentales, et prononcèrent en même temps une idée centrale pour l’unification politique et économique de l’Europe à l’avenir.